Manipulateurs, pervers narcissiques : qui sont-ils ?
Ils sont peu nombreux mais côtoyer l’un d’entre eux se révèle le plus
souvent destructeur. Généralement difficiles à repérer, les
manipulateurs, ou pervers narcissiques, sont des personnalités hautement
toxiques. Qui sont-ils ? Comment les reconnaître ? S’en protéger ?
Eléments de réponse.
Esperances, 53 ans, a longtemps vécu avec un manipulateur. « Je revois son visage fermé, glacial. Je me souviens de ses silences prolongés, de ses petites phrases assassines. Chaque jour, il me rabaissait, m’humiliait, tout en prétendant vouloir mon bonheur. De l’extérieur, les autres me regardaient d’un air envieux, pensant que je vivais avec l’homme idéal ». Le propre des manipulateurs ? Ils ont plusieurs visages. Ils peuvent être extravertis, bons vivants, séducteurs, cultivés, altruistes, ou plus timides mais aussi autoritaires et tyranniques… Et passent d’une facette à l’autre en quelques secondes à peine. « Si vous les avez contrariés, ils peuvent par exemple passer en un instant d’une profonde tristesse à une fureur terrible. A côté de cela, ils ont évidemment des côtés positifs, ils peuvent être très drôles, très originaux… Mais c’est pour mieux vous manipuler. »
Mais difficile, le plus souvent, de reconnaître les personnalités hautement toxiques qui se cachent sous ces différents masques. Isabelle Nazare-Aga a ainsi déterminé trente caractéristiques qui le permettent – sachant qu’elle qualifie de manipulateur un individu qui agit au moins selon 14 critères de cette liste -. Parmi eux : culpabilisation, critique et dévalorisation des autres, report de sa responsabilité sur eux, communication floue, changement fréquent d’opinions, mensonges, jalousie… « Si vous avez le sentiment de ne plus être libre, si vous parlez constamment d’une personne quand elle n’est pas là, et si en sa présence, vous n’êtes pas serein, ou que vous vous comportez comme un petit garçon ou une petite fille et plus comme un(e) adulte, vous avez probablement affaire à un manipulateur. De même pour ces gens dont vous mettez cinq jours à vous remettre d’un simple appel de leur part. »
« Au début, j'ai cru rencontrer l'homme de ma vie, se souvient Angéline, 45 ans. Il aimait tout ce que j'aimais, voulait toujours me faire plaisir, et était, sur le plan sexuel, complètement à ma disposition. » Derrière ces attentions, ces flatteries et ces (fausses) promesses, se cache, pour Christel Petitcollin, psychothérapeute et auteure de Echapper aux manipulateurs (Guy Tredaniel, 2007), un véritable enjeu pour le manipulateur. « Il va chercher à capturer le rêve secret qui sommeille au fond de nous. Tous, nous en caressons un : avoir une vie de famille, faire du cinéma... Lui va nous faire croire que c’est par son intermédiaire que nous pourrons le réaliser. Et pourra, par la suite, nous tenir par ce rêve ».
Puis vient le moment où le manipulateur tombe le masque. Disparu l’employé modèle, la femme merveilleuse ou le père parfait. Ce moment-là, tous les patients de Christel Petitcollin s’en souviennent avec précision. Parfois le jour de la fin d’une période d’essai, d’un mariage, d’un emménagement, d’un test de grossesse positif… Le jour où le conte de fées a soudain viré au cauchemar. Et où ont commencé dénigrement permanent et humiliations quotidiennes. « La victime va se mettre alors à redouter les représailles, à culpabiliser quand l’autre n’est pas de bonne humeur, à s’interdire par exemple de sortir avec ses amis, de peur qu’il/elle ne le lui fasse payer. Et à ne plus vivre que dans la peur de le mécontenter ».
Les manipulateurs ont-ils d’ailleurs conscience du mal qu’ils provoquent ? « Non, répond Isabelle Nazare-Aga. Mais de l’influence qu’ils ont sur autrui, oui. » Pour Christel Petitcollin, cette pathologie s’explique par une « immaturité figée. » Selon elle, les pervers narcissiques seraient comme coincés dans l’enfance. « Ce sont des adultes qui ont les mêmes réactions qu’un enfant de 5 ans qui aime arracher les pattes des mouches sans réaliser que cela lui fait mal. Ils ne sont pas capables de voir la souffrance de l'autre. Ils ne le respectent pas et vont chercher à satisfaire leurs besoins à ses dépens ». Après plus de vingt ans passés à étudier la question, Isabelle Nazare-Aga est d’ailleurs formelle : « les manipulateurs n’aiment personne ».
Mais naît-on ou devient-on manipulateur ? Isabelle-Nazare Aga a pu observer des manifestations des trente caractéristiques qui lui permettent d’identifier un manipulateur chez de très jeunes enfants. « Mais il n’y a pas de profil. Il ne s’agit pas que d’enfants qui n’ont pas été aimés par leur père ou leur mère. Le plus souvent, j’observe plutôt des enfants rois, admirés, respectés et craints, car si jeunes manipulateurs. » A cet âge, il est encore possible de tenter de les changer. Après, il est trop tard, selon la thérapeute. Même son de cloche chez Christel Petitcollin. « Surtout, ils ne veulent pas changer. Ils sont persuadés qu’ils détiennent la vérité. Il n’y a jamais de remise en cause. Ils sont dans des mécanismes de déni effrayants. »
On les appelle manipulateurs ou encore, pervers narcissiques. Ils
peuvent être un conjoint, un proche, un patron, un(e) collègue, un(e)
ami(e). Séduisants, sympathiques, parfois réservés, ils plaisent par
leur côté charmeur et flatteur. Mais très vite, à leur contact, un
malaise s’installe. Et leurs victimes entrent dans une spirale infernale
de culpabilisation et de dévalorisation. Véritables dangers pour notre
intégrité physique et mentale, les manipulateurs sont des personnalités
narcissiques qui représentent, selon Isabelle Nazare-Aga, auteure des Manipulateurs sont parmi nous (éditions de l’Homme, 1997),
2 à 3% de la population. Nous sommes donc tous amenés à croiser un
jour, si ce n’est pas déjà fait, une personne atteinte de cette
pathologie. « Souvent, j’entends dire qu’après tout, nous sommes tous un
peu manipulateurs. Non, de la même façon que l’on ne peut pas dire que
nous sommes tous des menteurs ou des schizophrènes. Il y a une grande
différence entre faire de la manipulation de temps en temps et être
manipulateur. » La raison d’être de ces derniers ? « Se rendre valables
en nous écrasant pour se sentir supérieurs. Ils sont comme des virus.
Ils distillent le mal auprès de plusieurs victimes à la fois - leur
époux(se), leurs enfants, le boulanger…- Vous n’êtes qu’un pion sur
lequel ils s’appuient pour se valoriser ».
Des comédiens nés
Esperances, 53 ans, a longtemps vécu avec un manipulateur. « Je revois son visage fermé, glacial. Je me souviens de ses silences prolongés, de ses petites phrases assassines. Chaque jour, il me rabaissait, m’humiliait, tout en prétendant vouloir mon bonheur. De l’extérieur, les autres me regardaient d’un air envieux, pensant que je vivais avec l’homme idéal ». Le propre des manipulateurs ? Ils ont plusieurs visages. Ils peuvent être extravertis, bons vivants, séducteurs, cultivés, altruistes, ou plus timides mais aussi autoritaires et tyranniques… Et passent d’une facette à l’autre en quelques secondes à peine. « Si vous les avez contrariés, ils peuvent par exemple passer en un instant d’une profonde tristesse à une fureur terrible. A côté de cela, ils ont évidemment des côtés positifs, ils peuvent être très drôles, très originaux… Mais c’est pour mieux vous manipuler. »
Des personnalités toxiques
Mais difficile, le plus souvent, de reconnaître les personnalités hautement toxiques qui se cachent sous ces différents masques. Isabelle Nazare-Aga a ainsi déterminé trente caractéristiques qui le permettent – sachant qu’elle qualifie de manipulateur un individu qui agit au moins selon 14 critères de cette liste -. Parmi eux : culpabilisation, critique et dévalorisation des autres, report de sa responsabilité sur eux, communication floue, changement fréquent d’opinions, mensonges, jalousie… « Si vous avez le sentiment de ne plus être libre, si vous parlez constamment d’une personne quand elle n’est pas là, et si en sa présence, vous n’êtes pas serein, ou que vous vous comportez comme un petit garçon ou une petite fille et plus comme un(e) adulte, vous avez probablement affaire à un manipulateur. De même pour ces gens dont vous mettez cinq jours à vous remettre d’un simple appel de leur part. »
Des experts en séduction
« Au début, j'ai cru rencontrer l'homme de ma vie, se souvient Angéline, 45 ans. Il aimait tout ce que j'aimais, voulait toujours me faire plaisir, et était, sur le plan sexuel, complètement à ma disposition. » Derrière ces attentions, ces flatteries et ces (fausses) promesses, se cache, pour Christel Petitcollin, psychothérapeute et auteure de Echapper aux manipulateurs (Guy Tredaniel, 2007), un véritable enjeu pour le manipulateur. « Il va chercher à capturer le rêve secret qui sommeille au fond de nous. Tous, nous en caressons un : avoir une vie de famille, faire du cinéma... Lui va nous faire croire que c’est par son intermédiaire que nous pourrons le réaliser. Et pourra, par la suite, nous tenir par ce rêve ».
Puis vient le moment où le manipulateur tombe le masque. Disparu l’employé modèle, la femme merveilleuse ou le père parfait. Ce moment-là, tous les patients de Christel Petitcollin s’en souviennent avec précision. Parfois le jour de la fin d’une période d’essai, d’un mariage, d’un emménagement, d’un test de grossesse positif… Le jour où le conte de fées a soudain viré au cauchemar. Et où ont commencé dénigrement permanent et humiliations quotidiennes. « La victime va se mettre alors à redouter les représailles, à culpabiliser quand l’autre n’est pas de bonne humeur, à s’interdire par exemple de sortir avec ses amis, de peur qu’il/elle ne le lui fasse payer. Et à ne plus vivre que dans la peur de le mécontenter ».
Des personnes sans affect
Les manipulateurs ont-ils d’ailleurs conscience du mal qu’ils provoquent ? « Non, répond Isabelle Nazare-Aga. Mais de l’influence qu’ils ont sur autrui, oui. » Pour Christel Petitcollin, cette pathologie s’explique par une « immaturité figée. » Selon elle, les pervers narcissiques seraient comme coincés dans l’enfance. « Ce sont des adultes qui ont les mêmes réactions qu’un enfant de 5 ans qui aime arracher les pattes des mouches sans réaliser que cela lui fait mal. Ils ne sont pas capables de voir la souffrance de l'autre. Ils ne le respectent pas et vont chercher à satisfaire leurs besoins à ses dépens ». Après plus de vingt ans passés à étudier la question, Isabelle Nazare-Aga est d’ailleurs formelle : « les manipulateurs n’aiment personne ».
Des manipulateurs dès le plus jeune âge
Mais naît-on ou devient-on manipulateur ? Isabelle-Nazare Aga a pu observer des manifestations des trente caractéristiques qui lui permettent d’identifier un manipulateur chez de très jeunes enfants. « Mais il n’y a pas de profil. Il ne s’agit pas que d’enfants qui n’ont pas été aimés par leur père ou leur mère. Le plus souvent, j’observe plutôt des enfants rois, admirés, respectés et craints, car si jeunes manipulateurs. » A cet âge, il est encore possible de tenter de les changer. Après, il est trop tard, selon la thérapeute. Même son de cloche chez Christel Petitcollin. « Surtout, ils ne veulent pas changer. Ils sont persuadés qu’ils détiennent la vérité. Il n’y a jamais de remise en cause. Ils sont dans des mécanismes de déni effrayants. »
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