Histoire de la psychopathologie
Les conceptions magiques
Les conceptions psychopathologiques de la folie les plus ancienne sont les conceptions magiques. Elles sont présentes dès le début de l’humanité, bien avant l’arrivée des différentes religions monothéistes, bien avant la naissance de la médecine. Ces croyances magiques sont encore présentes aujourd’hui, surtout dans les sociétés traditionnelles (en Amérique du Sud, en Afrique, en Asie). On fait appel à un guérisseur pour soigner le malade. Ces croyances existent en marge de la médecine officielle.
Exemples de conceptions :
« Mal de Ojo »
il existe dans le pourtour méditerranéen et signifie le mauvais œil. Les enfants seraient spécialement touchés par ce mal. Ils présenteraient un certain nombre de symptômes comme le sommeil agité, des pleurs sans raison apparente, diarrhée, fièvre. Les enfants touchés seraient des enfants que l’on aurait trop regardé par envie. Ce regard envieux provoquerait la maladie. Dans certaines sociétés, on va jusqu’à cacher les enfants particulièrement beaux.
« Rootwork »
Il existe dans le Sud des états unis parmi des populations d’origine africaine et européenne. La maladie est attribuée à des sortilèges, de la magie, de la sorcellerie ou à la mauvaise influence d’une autre personne. Les symptômes peuvent comporter de l’anxiété généralisée et des plaintes gastro-intestinales (nausées, vomissements, diarrhée), de la faiblesse, des étourdissements, une peur d’être empoisonné et parfois d’être tué. Les « roots », maléfices ou sortilèges peuvent provoquer une série de problèmes émotionnels et psychologiques. La personne ensorcelée peut même craindre la mort. Le guérisseur peut également être appelé pour ensorceler un ennemi.
« Speel »
Il s’agit d’un état de transe dans lequel les individus communiquent avec des proches décédés ou avec des esprits. Parfois, cet état est associé à de brèves périodes de changements de personnalité. Cette manifestation se rencontre parmi les américains d’origine africaine et européenne, dans le sud des états unis. Les « speels » ne sont pas considérés comme des phénomènes médicaux dans la tradition populaire mais ils peuvent être interprétés à tort comme des épisodes psychotiques en pratique clinique.
« Susto »
(peur ou perte de l’âme). maladie populaire prévalant chez certains Latinos aux états unis et parmi les populations du Mexique, d’Amérique centrale et d’Amérique du Sud. A l’origine, le Susto paraissait concerner les indiens kechua des Andes. C’est une maladie attribuée à un événement effrayant qui provoque le départ de l’âme hors du corps, ce qui cause malheur et maladie. Les personnes atteintes de Susto éprouvent des tensions importantes dans leurs contacts sociaux. Les symptômes peuvent apparaître n’importe quand, des jours ou des années après l’événement effrayant. Dans des cas extrêmes, le Susto pourrait provoquer la mort. Les symptômes typiques comprennent des troubles de l’appétit, un sommeil insuffisant et excessif perturbé par des rêves, une sensation de tristesse, un manque de motivation pour faire quoi que ce soit, des sentiments de dévalorisation t de malpropreté. Les symptômes somatiques accompagnant le Susto inclus des douleurs musculaires, gastriques et diarrhée. Les guérisons rituelles se concentrent sur le rappel de l’âme dans le corps et la purification de la personne pour rétablir l’équilibre corporel et spirituel. Différentes présentations du Susto peuvent s’apparenter au trouble dépressif majeur, à l’état de stress post traumatique et aux troubles somatoformes.
« Zar »
Terme employé en Ethiopie, en Somalie, en Egypte, au Soudan, en Iran et dans d’autres société d’Afrique du Nord et du Moyen Orient en rapport avec la possession d’un individu par les esprits. Il a existé jusqu’au 17-18éme siècle en Europe. Les personnes possédées par les esprits peuvent subir des épisodes dissociatifs pouvant se manifester par des cris, des rires, le fait de cogner la tête contre un mur, de chanter ou de pleurer. Ces personnes peuvent être apathiques, repliées sur elles-mêmes, refuser de manger ou d’accomplir les tâches quotidiennes. Elles peuvent à long terme développer une relation avec l’esprit possesseur. Localement, un tel comportement n’est pas considéré comme pathologique car le sujet n’est pas considéré comme responsable de son mal.
Ces étiologies des maladies ont pour but de donner un sens à la maladie et de proposer un système de causalité. Quelque soi la culture, les conceptions magiques ont toujours les mêmes caractéristiques :
- la causalité est toujours extérieure à l’individu. Les conceptions magiques se situent à l’inverse du schéma médical classique ou la cause de la maladie est plutôt interne.
En psychopathologie, le trouble est intérieur au sujet, l’origine remontant à l’enfance de celui-ci. Dans les théories de psychopathologie sociale ou du stress, il y a un grand rôle accordé au milieu extérieur. Dans l’état de stress post traumatique, l’origine du trouble est par exemple un accident, donc externe au sujet.
- les étiologies magiques sont surnaturelles : l’origine des troubles est liée à l’influence de divinités, d’esprits mythiques, de démons, de génies. Dans la possession, c’est un esprit hostile qui vient prendre possession du corps du malade.
- Ces conceptions ne font pas de distinction entre le somatique et le psychique. Le trouble est considéré comme un malheur qui touche un individu dans son entier et son groupe familial et social.
- Il y a des systèmes de traitements traditionnels. Dans ces rituels, le sujet n’est jamais pris en charge seul ; le traitement concerne le groupe familial et social. Tout le monde participe au traitement. Ces thérapies ont un rôle de régulateur, de traitement sociologique de la maladie. Il y a des rituels magiques et religieux.
Les étiologies traditionnelles réalisent quatre opérations :
- elles définissent la maladie (laquelle, quels symptômes)
- elles définissent les causes de la maladie (comme est-ce arrivé, par quels mécanismes)
- elles définissent l’agent de la maladie (qui ou quoi est responsable)
- elles définissent l’origine de la maladie (pourquoi est-ce arrivé)
dans les théories psychopathologiques, on propose également un système de causalité dont le contenu est différent.
Les conceptions médico-philosophiques de la maladie dans l’Antiquité grecque
Jusqu’au 18ème siècle, la philosophie et la médecine grecque de l’Antiquité servent de modèles médicaux. La maladie physique et mentale est conçue comme une rupture d’équilibre.
Hippocrate, médecin grec né en 460 av. JC à Athènes est l’un des premiers à avoir renié les modèles magiques de la maladie. Il a intégré l’idée d’une médecine scientifique. C’est à lui et à la tradition autour de son nom que l’on doit la première classification connue des maladies dans l’histoire occidentale. Jusqu’à aujourd’hui, les médecins se réfèrent à lui par le biais du serment d’Hippocrate. Hippocrate commença à enseigner la médecine par la philosophie. Il dit qu’il n’y a pas de différence entre les deux disciplines. Il se réfère à la philosophie pour expliquer les « passions de l’âmes », pour expliquer ce qui n’est pas accessible par nos sens. Il se base sur l’observation et le raisonnement. Il refuse toute explication basée sur des forces naturelles.
Théorie de l’humeur
L’être humain est constitué de quatre humeurs naturelles qui correspondent à quatre propriétés fondamentales :
- le sanguin correspond au chaud
- le flegme correspond à l’humidité
- la bile jaune correspond au sec
- la bile noire correspond au froid
L’état de santé est un équilibre entre ces quatre humeurs. Quand il y a prédominance d’une humeur sur les autres, il y a déséquilibre, donc maladie. Hippocrate s’est intéressé aux maladies de l’esprit et en a décrit certaines.
La mélancolie
Le patient présente des troubles de l’humeur, de la culpabilité, de la tristesse, de l’indifférence affective, il se voit sans avenir. Ceci entraîne un ralentissement sur le plan psychomoteur. Hippocrate explique cet état par une sécrétion excessive de bile noire (mélas = noir ; col = bile).
L’épilepsie
Avant Hippocrate, l’épilepsie était considérée comme une maladie sacrée venant de Dieu. Le malade présente des moments d’inconscience, des convulsions, devient raide et ne se contrôle plus sur le plan moteur. Hippocrate disait que le siège de cette maladie était le cerveau et quelle était liée à une sécrétion excessive de bile jaune. Il dit à ce sujet « Il me semble qu’elle n’est pas plus divine, ni plus sacrée que d'autres maladies, mais qu’elle a une cause naturelle comme d'autres affections. L’homme considère sa nature et la croit divine à cause son ignorance et de sa crédulité ... »
L’hystérie
Elle est différente de la personnalité hystérique. Pour Freud, l’hystérie est liée à un conflit sexuel. Hippocrate parlait de l’hystérie de conversion. Il a repris l’ancienne théorie des égyptiens datant de 2000 an av. JC. Selon cette théorie, l’hystérie était due à la migration de l’utérus dans le corps de la femme. C’est une idée magique cependant qui permet de faire un lien entre l’hystérie et la sexualité.
Au 5ème siècle, la médecine est assimilée au culte païen. Cette médecine fut reprise et développée par la médecine arabe entre le 10ème et le 13ème siècle. C’est un apport important car la médecine arabe va traduire les textes grecs, apporter la médecine chinoise et développer son propre apport : - Rhases a écrit « collijet » traduit par Bonacosa
- Avicenne a écrit « le canon de la médecine » au 12ème siècle
- Ibnimran a écrit « traité de la Mélancolie » en insistant sur les aspects psychologiques et thérapeutiques
La conception du fou au Moyen Age
Dans la première moitié du Moyen Age, la médecine accorde de plus en plus d’importance aux esprits et les théories psychologiques sont d’ordre métaphysiques. Le fou est surtout vu comme celui qui est possédé par le diable. Il faut donc exorciser le diable pour soigner l’esprit. Les thérapeutiques sont d’ordre magico-religieuses (la confession, la pénitence, le repentir public, les pèlerinages dans les lieux saints). Le fou est quelqu’un d’accepté socialement ; il bénéficie d’une aide humanitaire, du soutient de son groupe familial et social. C’est quelqu’un de marginal mais qui est reconnu et socialisé (fête des fous, danse de St Guy…).
Dans la deuxième partie du Moyen Age, la peur est omniprésente d’un point de vue social. Elle est liée à des facteurs traumatiques, des difficultés des pouvoirs politiques et religieux. La folie personnifie les pêchers du monde. Le fou est un bouc-emissaire. La conception des sorcières domine la courant médical. Les médecins se basent assez rarement sur l’observation, sauf Paraclese (1493-1541). En 1348, la peste noire fait des milliers de victimes. Elle entraîne un traumatisme profond dans la société ce qui ébranle l’autorité du pouvoir et remet en cause les lois religieuses. On assiste à une montée des sectes. Pour rétablir l’ordre suit aux crises politiques et de l’ordre moral, le pape Innocent III décrète l’inquisition : lutte contre toutes les formes d’hérésies par le moyen d’enquêtes systématiques : chasse aux sorcières… Les fous sont les premiers à monter sur les bûchers car, comme ils sont possédés par le démon, ils doivent subir les punitions réservées aux complices de Satan.
La psychanalyse
En réaction à ce courant va naître la psychanalyse. Un certain nombre de médecins va commencer à demander à ce que ces fous accusés de sorcellerie soient traités par la médecine. Un des premiers à avoir fait cette demande est Wyer. Il a publié en 1663 un ouvrage nommé « l’imposture du diable ». Wyer est le précurseur de l’expertise psychiatrique. Au début, il n’ose pas s’opposer aux prêtres donc il propose la mise en place d’expertises avant les procès en sorcellerie. Il s’oppose aux évêques en proposant que l’avis d’un médecin soit pris avant chaque procès. Il va petit à petit démonter la conception démoniaque en montrant par exemple que les gens peuvent se retrouver dans un état second après la prise de certaines substances. Wyer va marquer le début d’une période humaniste marquant l’entrée dans la Renaissance.
Aux 17ème, 18ème siècles, les références métaphysiques sont abandonnées au profit d’une médecine expérimentale. Les découvertes médicales se multiplient. Dans le domaine de la pathologie, on se base maintenant sur des descriptions sémiologiques.
Jusqu’au milieu du 18ème siècle, l’étude de la folie n’est pas séparée de celle des autres maladies. Mais un courant médical tente de sortir du courant magique. Des asiles sont crés où sont enfermés les fous mais aussi les vagabonds, les marginaux. Le fou reste un marginal, un être dangereux que l’on enchaîne, à qui on ne parle pas.
Celui qui changera cette conception est Philippe Pinel. Il est très imprégné par la conception medico-phylosophique grecque. Il va être connu pour son apport humaniste à la psychiatrie. Il propose libérer de leurs chaînes les aliénés en 1793, pendant la révolution française. C’est un geste symbolique qui marque la naissance de la clinique psychiatrique. Il considère que le fou est un individu à part entière. Il dit que le fou ne l’est jamais totalement, qu’il y a toujours une part de raisonnable à laquelle on peut s’adresser. Pinel change le rapport du médecin au fou. Il met l’accent sur la maladie et le malade en tant que sujet. Il va décrire un grand nombre de névroses, l’hypocondrie, la mélancolie, les manies et les démences. Il est l’un des précurseurs de la notion de névrose traumatique. En travaillant comme médecin pendant les guerres napoléoniennes, il a constaté que les soldats étaient paralysés par la peur, effrayés, faisaient des cauchemars. Il dit que la pathologie est liée à des chocs psychiques (ici l’effroi) et non physique.
La psychiatrie devient une discipline à part entière.
Esquirol, élève de Pinel, reste très fidèle aux théories de celui-ci. Ce qui l’intéresse est le traitement moral, notion clé de la psychiatrie naissante. La maison d’aliénés est un instrument de guérison, c’est l’agent thérapeutique le plus puissant contre les maladies mentales. Esquirol est à l’origine de la loi de 1838 qui régit les modalités d’internement. caque département est tenu d’avoir un asile d’aliénés. c’est à partir de cette loi qui naissent un grand nombre d’établissements psychiatriques dans toute l’Europe donnant l’occasion aux psychiatres de faire des observations cliniques sur un grand nombre de patients. Vont se développer les consultations privées (Freud, Janet…).
Les psychiatres vont commencer à observer différentes maladies. Ils font au début référence aux théories organicistes ; les psychiatres cherches une cause organique aux troubles mentaux. Pour chaque trouble, on cherche une lésion correspondante. S’en suit un certain nombre de découvertes comme celle de Bayle (1822) qui fait le lien entre la méningite chronique et un délire de grandeur. Cependant, aujourd’hui on sait qu’il ne s’agissait pas de la méningite mais de la syphilis. Paul Broca va lui faire le lien en 1861 entre une lésion localisée dans le cerveau (hémisphère gauche) et l’aphasie (trouble du langage). Ces différentes découvertes vont stimuler les psychiatres qui vont avoir tendance à toujours chercher une cause organique aux troubles mentaux. Par exemple, pour des soldats présentant des troubles anxieux, les médecins ont proposé que la cause soit une vibration électrique d’une zone cérébrale provoquée par des éclats d’obus. on sait aujourd’hui que l’anxiété est due à un état d’effroi ressenti face à la guerre.
A cette époque, on se référait également aux théories de la dégénérescence dans lesquelles on fait appel à l’hérédité, aux aspects constitutionnels. Par exemple, la perversion et la paranoïa étaient perçus comme des troubles constitutionnels. Toutes affections anormales étaient reliées à des aspects héréditaires. Cependant, faire appel à l’hérédité entraîne des jugements moraux ayant pour conséquence la marginalisation des malades mentaux.
Enfin, les théories psychogènes vont mettre l’accent sur des facteurs psychologiques. Ces théories signent la naissance de la psychopathologie.
La psychopathologie
Ce terme est employé pour la première fois en 1878, en allemand, par Emmingaus pour désigner une psychiatrie clinique qui s’intéresse à des individus malades mais de manière singulière.
Celui qui marque la naissance de la psychopathologie en France est Ribot. Il va créer un enseignement de psychopathologie au début du 20ème siècle, au moment où la psychologie commence à être séparée de la philosophie sur le plan de l’enseignement. Ribot va surtout développer un enseignement sur la méthode pathologique. Il veut comprendre les troubles de la personnalité dans le but de comprendre le fonctionnement normal. Sa méthode concerne l’étude de tous les traits psychologiques : la perception, la mémoire, la volonté, les sentiments, le langage... Il veut étudier tous les comportements pathologiques qui peuvent apparaître à ces niveaux. La maladie est vue comme une situation expérimentale. Selon Ribot, la psychologie morbide est une façon d’accéder à la psychologie normale. Ribot voit en la psychopathologie un continuum entre l’esprit sain et malade.
Janet, élève de Ribot, a enseigné au Collège de France en 1895. Son œuvre est considérable dans la compréhension de l’hystérie. il fut l’un des premiers à parler de subconscient (l’inconscient de Freud) 6 ans avant Freud. Il consultait principalement en cabinet et proposait aux hystériques des traitements basés sur l’hypnose. Il s’est surtout intéressé aux amnésies hystériques. Pour lui, elles sont liées à des souvenirs localisés au niveau du subconscient. Cette idée va être reprise par Freud quand il parle de refoulement des souvenirs traumatiques.
Charcot a tout d’abord étudié un grand nombre de maladies neurologiques, comme la sclérose en plaques. A la fin de sa carrière, il s’est intéressé à l’hystérie. Il a donné des cours devant une assistance variée en présence de malades. Selon lui, on peut reproduire les symptômes hystériques par l’hypnose. pendant ses cours, il hypnotisait des malades qui faisaient des « crises d’hystérie ».
Freud et la psychanalyse
La psychopathologie va consister à expliquer le comportement normal d’un individu d’après ses déviations. La psychanalyse serait une forme particulière de la psychopathologie, un modèle explicatif de la psychopathologie.
Freud est né à Freiberg en 1856. Il a d’abord suivi une formation médicale puis a entrepris des recherches en physiologie. En 1880, il devient docteur en médecine. Avec Meynert, il travaille dans un service de neurologie où il va acquérir ses premières expériences cliniques. En 1885, Freud vient suivre l’enseignement de Charcot. Il va rester 4 mois en stage à la Salpétrière où il assiste aux présentation de cas d’hystérie par Charcot. Il ouvre à Vienne son premier cabinet libéral. Il reprend les hypothèses de Charcot sur la suggestion hypnotique des hystériques. Il veut comprendre les maladies nerveuses, l’origine des troubles et les soigner. Il utilisera d’abord l’électrothérapie, méthode utilisée jusque dans les année 60. Comme cette méthode ne permettait pas de comprendre les individus, il s’est orienté vers l’hypnose et la suggestion.
Au début, Freud travaille avec Breuer. Pour Freud, à l’origine de l’hystérie, il y a toujours un événement traumatique dans l’histoire du patient, événement qui a provoqué une émotion pénible. L’origine de l’hystérie est liée à un choc émotionnel, c’est à dire un événement qui a provoqué de la honte, de la colère, de la peur… Au début, Freud pensait qu’il pouvait s’agir de n’importe quel événement puis il a développé l’idée qu’il s’agissait de traumas sexuels, en particulier des séductions, agressions sexuelles d’un adulte sur un enfant. Le sujet va avoir tendance à refouler le souvenir de cet événement, à l’oublier pour ne pas souffrir. Cependant, l’affect lié à l’événement ne peut pas être refoulé. L’émotion va se convertir sur un plan somatique ; elle va apparaître sous forme de douleurs, de paralysies, de symptômes hystériques. Il y a une séparation entre le symptôme et le souvenir. Freud pense alors que si on retrouve l’événement traumatique, on va pouvoir associer souvenir et affect et ainsi guérir. Il s’agit de la méthode de la catharsis (décharge émotionnelle) censée libérer le sujet. Pour arriver à la catharsis, Freud emploie d’abord l’hypnose : pendant que le sujet est endormi, il lui demande de se rappeler l’événement qui s’est produit lorsque les premiers symptômes sont apparus. Freud abandonne l’hypnose car, quand le sujet se réveille, il ne se souvient pas de ce qu’il a pu dire sous hypnose. Cela maintient toujours le clivage. Il va alors développer la méthode de l’association libre : le sujet est allongé et on lui demande de dire tout ce qui lui passe par la tète sans émettre aucune résistance, aucune barrière. Petit à petit, le sujet va lui même arriver au souvenir traumatique et avoir une décharge émotionnelle consciente.
En 1887, Freud pense que ces traumatismes ne sont pas liés à des événements réels mais à des fantasmes qui correspondent au Complexe d’Œdipe (attirance pour le père et rivalité avec la mère). Le patient névrosé n’aurait pas dépassé cette rivalité et il y aurait une dépendance trop forte au père. Aujourd’hui, il y a un débat autour de cette idée car certain disent que ces agressions sont réelles. D’autres disent que l’important n’est pas ce qui arrive mais comment le sujet je perçoit.
La psychanalyse est aussi une technique d’investigation du fonctionnement psychologique.
Jaspers est l’un des premiers à avoir parlé de psychopathologie au sens actuel du terme en 1913. Il était psychiatre et s’intéressait à la nosographie (description des troubles). Son but était de comprendre la psychologie des sujets. Il voulait étudier les états d’âme des sujets malades, leur vécu psychique, leur discours, les circonstances, causes des troubles mentaux. Il voulait étudier tous les facteurs psychologiques qui peuvent mieux faire comprendre le pathologique. Il avait une approche très phénoménologique : il faut être attentif au vécu et aux expériences des patients.
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